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La décision de partir seul(e)

 La décision de partir seul(e)

 La décision de partir seul(e)

« Et puis un jour, on choisit de partir seul(e), de tout abandonner sans le moindre désir de se retourner. On prend par la main ce compagnon de toujours, soi-même, que l'on ne connaît finalement pas aussi bien qu'on le pense, et on s'embarque vers l'inconnu. Soudain, une porte s'ouvre, des possibilités infinies se présentent, et toutes nos certitudes vacillent. Le champ des possibles devient sans limite, les contraintes du quotidien s'effacent, et nous ressentons alors cette solitude non plus subie, mais choisie : je suis seul(e), je suis loin, je suis moi. »

Lors de mes consultations, je rencontre souvent des personnes qui souhaitent voyager seules, mais qui se retrouvent freinées par des doutes. Même si la décision semble prise, elles ressentent le besoin d’un dernier élan pour se lancer. Ensemble, nous explorons les raisons profondes derrière ce désir de partir seul(e), et nous cherchons à comprendre ce qui les retient. Qu'est-ce qui bloque réellement cette démarche ? Bien souvent, ce sont des thématiques récurrentes qui refont surface, empêchant la personne de passer à l'acte. Alors, pourquoi choisir de partir seul(e) ? Quels obstacles et quelles motivations poussent finalement à franchir le pas ?

Les motivations

J’aime accompagner les personnes dans la redéfinition de leurs motivations à voyager. Il est essentiel de comprendre ce qui les pousse réellement à entreprendre ce voyage en solitaire. Pour certaines, il s'agit de découvrir de nouvelles cultures, d'explorer de nouveaux paysages et de nourrir leur curiosité. Pour d'autres, c'est un besoin de se dépasser, de se prouver qu'iels sont capables de sortir de leur zone de confort, ou encore de vivre des expériences qui les confrontent à l'inconnu. Cela peut être aussi l'envie de faire de nouvelles rencontres, d'apprendre une langue, ou même de s'échapper de la routine quotidienne.

Un processus évolutif

Parfois, il arrive que l’on ne trouve pas de réponse immédiate à cette question du "pourquoi", et c’est tout aussi valable. Car le voyage, au-delà des premières motivations, est un processus évolutif. Nos raisons de partir changent au fur et à mesure que nous avançons dans cette expérience, car nous ne pouvons jamais prévoir tout ce que le voyage nous réserve. Ce qui commence comme une simple envie de découverte peut se transformer en une quête plus profonde d’identité, de liberté, ou de réorganisation de son monde intérieur.

Des motivations inconscientes

De plus, certaines motivations sont parfois inconscientes, et ne se révèlent qu’au fil du voyage. Peut-être que nos relations familiales, sans que nous nous en rendions compte, nous pesaient, et que la distance nous permet de les voir sous un autre angle. Peut-être que notre travail ou nos études qui absorbaient tant de notre énergie n’étaient plus en accord avec ce que nous sommes, mais nous n’avions pas le recul nécessaire pour nous en détacher. Le voyage nous permet alors de faire ce chemin intérieur.

Une façon de se repenser

Sortir de son cadre habituel peut également nous aider à repenser la manière dont nous nous percevons. Cela peut aller jusqu'à questionner notre identité de genre, notre sexualité, ou d'autres aspects de notre personnalité que le quotidien empêchait d’explorer.

Voyager, c’est donc bien plus que changer de lieu ; c’est une opportunité de réinventer notre rapport à nous-même et au monde. Les motivations que nous avons au départ ne sont que la première étape d’un voyage qui dépasse les frontières géographiques pour toucher à l'intime, à l'inconscient et à la transformation personnelle.

Surmonter les peurs et les obstacles

Cependant, avant de pouvoir s'élancer, des doutes surgissent inévitablement. L'idée de partir seul(e) réveille souvent des peurs profondément ancrées, des craintes qui peuvent sembler insurmontables. Qu'est-ce qui nous freine ? De la peur de l'inconnu à celle de l'isolement, en passant par l'appréhension du regard des autres, ou la culpabilité, il est essentiel d'explorer ces obstacles afin de mieux les comprendre et les dépasser.

Les appréhensions face à la décision de partir seul(e)

L’une des premières peurs que l’on rencontre souvent est celle de l’inconnu : partir sans savoir ce qui nous attend, perdre le contrôle sur les situations et, bien souvent, imaginer le pire. Ce que je recommande, bien que cela soit difficile, c’est d’abord de ne pas avoir trop d’attentes et de se laisser porter par l’expérience. Interrogez-vous également sur cette tendance à imaginer le pire : pourquoi le pire arriverait-il plutôt que le meilleur ? Pourquoi construisons-nous ces scénarios catastrophes ? Ces peurs nous appartiennent-elles réellement, ou bien sont-elles celles que nous ont transmises nos proches, nos amis, ou la société ?

Accepter et affronter ses peurs

Il est important, en premier lieu, de ne pas fuir ses peurs, mais de les accepter, de les confronter, et de comprendre ce qu’elles révèlent vraiment. Ressentir du stress ou de l’appréhension avant un grand départ ou un changement est normal. Pour beaucoup, nous évoluons dans des environnements familiers, sécurisants et prévisibles, où l’impression de contrôle nous rassure. Nous avons des relations, des repères qui nous procurent ce sentiment de sécurité, nous donnant parfois la fausse impression que rien ne peut nous arriver.

Les craintes fréquentes

Parmi les craintes les plus fréquentes, on me cite souvent la peur de ne pas rencontrer de nouvelles personnes, de se sentir seul, de ne pas trouver de travail (notamment pour celleux qui partent en PVT), ou encore de ne pas réussir à maîtriser une nouvelle langue. Pourtant, chacun de nous possède un potentiel infini qui ne demande qu’à se révéler. Nous avons souvent tendance à nous sous-estimer, mais ces ressources insoupçonnées se mobilisent souvent en voyage. Alors, pourquoi n’y arriveriez-vous pas ? Ces croyances limitantes que nous portons sur nous-mêmes ne reflètent pas notre véritable potentiel. Ce manque de confiance, cette petite voix intérieure qui nous dit que nous ne sommes "pas assez", est justement ce que le voyage peut venir bousculer. En voyageant seul(e), nous découvrons que nous sommes capables de bien plus que nous ne le pensions.

Le premier grand changement qu’un voyage peut apporter est cette confiance en soi : être seul(e) signifie être face à soi-même, apprendre à prendre des décisions pour soi, et réaliser que, finalement, on est une compagnie agréable. On se rend compte que l’on peut très bien vivre avec soi-même.

Ces peurs qui ne nous appartiennent pas

Il arrive aussi que certaines peurs et craintes que nous ressentons ne nous appartiennent pas vraiment. Elles proviennent de notre entourage, qui projette ses propres angoisses en nous mettant en garde contre les dangers ou les risques que l’on encourt. On nous conseille souvent de ne pas quitter notre vie actuelle, que ce soit des études ou un emploi stable, car cela correspond, dans l'imaginaire collectif, à l'idée de ce qu'une vie réussie devrait être. Mais face à tout cela, que voulons-nous réellement ?

La culpabilité

Ce tiraillement entre nos envies et les attentes extérieures peut également générer un sentiment de culpabilité. Beaucoup de voyageur(euses) ressentent ce poids : la culpabilité de ne pas suivre le chemin tracé par la société ou par leur entourage. Cette culpabilité est souvent liée aux attentes familiales et sociales qui peuvent être limitantes. Ne pas se conformer à ce modèle peut provoquer un sentiment de décalage, mais il est essentiel de se demander : et nous, dans tout cela ? Quels sont nos véritables désirs ? Comment savoir ce que nous voulons vraiment lorsque nous sommes soumis à tant de pressions et d’attentes ?

Choisir sa propre voie

Il est essentiel de se rappeler que vos choix vous appartiennent. Vivre une vie alignée avec vos propres désirs est primordial, quel que soit le chemin que vous décidez d’emprunter. Mon rôle n’est pas de défendre un modèle de vie particulier, mais de rappeler qu’il existe différentes façons de vivre, et que l’essentiel est de choisir celle qui vous correspond le mieux. Pour certain(e)s, suivre un parcours plus traditionnel apportera épanouissement et stabilité, tandis que d’autres, en choisissant de partir, vont découvrir de nouveaux intérêts et parfois même une vocation qui leur correspond davantage. Une vocation qu’ils n’auraient peut-être jamais trouvée dans un cadre plus normatif et contraignant. L’important est de savoir qu’il n’existe pas de "bonne" ou de "mauvaise" voie, mais simplement celle qui vous convient à vous.

Le modèle de vie normatif et ses injonctions 

Chaque pays, chaque culture, et chaque société impose à ses membres un modèle spécifique de la "bonne" façon de vivre. Ces modèles peuvent offrir un cadre rassurant pour certain(e)s, mais ils peuvent aussi enfermer ceux qui aspirent à autre chose. Les voyageur(euse)s ou futur(e)s voyageur(euse)s avec qui j'échange expriment souvent leurs angoisses face à ces attentes : mariage, enfants, maison, retraite... Autant d'étapes qui ne résonnent pas toujours avec leur propre conception du bonheur. Beaucoup tentent de s’y conformer, souvent par peur de décevoir leur entourage ou de se tromper, tout en ressentant un profond décalage avec ces standards.

L'importance de l'expérimentation

Or, il est important de rappeler que c’est en explorant les possibilités et en se trompant parfois que l’on peut découvrir ce qui nous correspond véritablement. L'expérimentation nous permet de faire des choix plus alignés avec nos désirs. Il est donc crucial de s’autoriser à tester, à se tromper, et à réajuster nos trajectoires en fonction de nos ressentis. De plus, nous sommes en constante évolution : ce qui nous convenait autrefois peut ne plus correspondre aujourd'hui, et inversement. Une vie que nous jugions autrefois incompatible avec nos aspirations peut, à un autre moment, s’avérer être celle qui nous convient le mieux. L'essentiel est de rester ouvert à ces changements et de ne pas figer notre avenir dans une vision unique et rigide.

La pression sociale et les alternatives

La pression exercée par le modèle normatif devient réellement problématique lorsqu'il est vécu comme une injonction sans alternative. Beaucoup ont l'impression qu’il n’y a pas d’autre possibilité, qu'une seule voie est légitime. Pourtant, voyager permet souvent de découvrir qu’il existe une multitude de façons de vivre, et qu'il est possible de s'inventer une vie en dehors des cadres imposés. Nous pouvons même façonner notre propre existence : avec ou sans enfants, avec ou sans CDI, avec ou sans emprunts. Le plus important est de rester à l’écoute de nos véritables désirs et de ne pas ignorer nos besoins, même lorsque ceux-ci divergent des attentes externes.

Les signaux d'alerte du corps et de l'esprit

Il est courant que des personnes me consultent pour des dépressions, des burn-out ou des problèmes de somatisation[1]. Ces symptômes sont souvent des messages que nous envoie notre corps et notre esprit, des signaux d’alerte indiquant que quelque chose ne va plus, que nous ne sommes plus en phase avec nous-mêmes. Ils nous rappellent que nos besoins évoluent, et que nous devons parfois changer notre réalité pour retrouver un équilibre. Bien que ces moments puissent être particulièrement douloureux, ils sont aussi riches en potentiel de transformation. Ils marquent une prise de conscience, une invitation à réaménager notre monde intérieur mais aussi extérieur et à envisager d’autres possibilités.

Se reconnecter à soi-même

C'est dans ces périodes de transition, entre une situation qui ne fonctionne plus et un soi en devenir, que je vois souvent des personnes se dire qu’elles ne se reconnaissent plus. Elles se sont longtemps définies à travers un travail, une relation, un rôle social, et lorsque ces éléments s’effondrent, c’est tout leur sentiment d’identité qui vacille. C’est souvent à ce moment-là que l'idée du voyage en solitaire émerge, comme une invitation à se reconnecter à soi-même, à redécouvrir des aspects oubliés de sa personnalité, ou même à se réinventer complètement.

Conclusion

Pour conclure, partir seul(e) est effectivement un acte de courage, mais il peut également être difficile à envisager pour certain(e)s et c’est également un acte de courage que de le reconnaître. C'est pourquoi il est essentiel de prendre le temps de comprendre ce qui freine cette décision. Chacun(e) avance à son propre rythme, et les conseils donnés par les autres, qu'il s'agisse d'ami(e)s, de proches ou même d'inconnu(e)s sur internet, correspondent souvent à leurs expériences personnelles. Il est donc primordial de définir ce qui VOUS correspond réellement.

Si vous ressentez le besoin d'en parler, je vous propose des consultations, en visio ou en présentiel, selon votre localisation. Ensemble, nous pourrons explorer vos questionnements dans un cadre bienveillant et sans jugement, vous offrant ainsi un espace de réflexion pour mieux comprendre vos motivations et surmonter vos hésitations.


[1] La somatisation est l’expression par des symptômes physiques de phénomènes mentaux.

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